Avec les chrétiens persécutés du Kosovo

Détails de l'événement

  • mardi | 14 octobre 2025 à dimanche | 19 octobre 2025
  • 18h00 - 20h00
  • Auditorium

Exposition photos de Katharine Cooper

Touchée par la résilience des minorités dans des zones de conflits, Katharine Cooper s’est particulièrement attachée au peuple Serbe. Après un premier reportage photo au Kosovo en 2016, elle y est retournée en 2025. Aujourd’hui elle expose une quarantaine de ses plus beaux clichés révélant la résistance silencieuse des chrétiens persécutés. Les photos saisissantes nous interpellent tant elles expriment la réalité de ces familles qui luttent pour que leur foi, leurs traditions, leur culture, et leur peuple ne disparaissent pas : visages graves, églises en ruine, enfants grandissants derrière des barbelés,… Elles témoignent de cette dignité, de cette lumière qui persiste malgré la peur.

Le drame du Kosovo n’appartient pas au passé, il se déroule en ce moment !

Si ces chrétiens menacés d’extinction venaient à disparaitre, alors pour la première fois depuis l’évangélisation de notre continent, une terre chrétienne disparaitrait de l’Europe. Leur combat pour rester sur leur terre est aussi le nôtre : celui de la mémoire, de la foi, et de la liberté.

♦ Entrée libre de 8h à 20h, passage Bernanos

Katharine Cooper

Originaire de Grahamstown au Cap Est de l’Afrique du Sud, Katharine Cooper grandit au Zimbabwe. Elle quitte l’Afrique en 1999 pour l’Angleterre, ensuite s’installe en France en 2001 pour continuer ses études à l’ENSP d’Arles.

Diplômée en 2004, la jeune photographe intègre l’équipe de Lucien Clergue, tirant les négatifs du célèbre photographe jusqu’à sa mort.

En 2012 Katharine Cooper est lauréate du Prix Photo Marc Ladreit de Lacharrière de l’Académie des Beaux-Arts pour sa série “Les Blancs Africains”. Elle collabore à l’exposition “Lucien Clergue, Les Premiers Albums” au Grand Palais à Paris en 2015. La même année, elle fait son premier voyage à Damas et au Kurdistan irakien où elle réalise des portraits de la minorité chrétienne et les yézidis en Iraq.  Elle s’attache à une série sur les femmes combattantes kurdes.  Elle est l’une des premières photographes à entrer à Palmyre libérée en mars 2016.

Au printemps 2017, Cooper séjourne pendant six semaines à Alep pour documenter la vie après la libération. Elle y retourne en 2018 et constate le progrès des chantiers de reconstruction de la ville pour son ouvrage “Aleppo mon Amour”.

Cooper reste fidèle à l’argentique et son Hasselblad 500C, cadeau de son père.

 

Les derniers chrétiens serbes

Depuis plus de vingt ans, les derniers chrétiens serbes du Kosovo-Métochie, berceau spirituel de la Serbie, subissent pressions, humiliations, attaques et tentatives d’épuration ethnique.
L’objectif des islamistes albanais : obtenir leur disparation par l’exil, l’effacement culturel, la discrimination, voire la violence… Au cœur de ce drame, une poignée de familles refuse de céder et continue de témoigner de sa foi, parfois au prix de sa vie.

À l’image de Dragan et Svetlana, couple de septuagénaires de l’enclave de Gracanica, beaucoup de Serbes du Kosovo vivent retranchés derrière des volets clos ou aux aguets du moindre signe d’alerte. Régulièrement, ils subissent cambriolages, insultes, menaces et agressions de la part
d’Albanais islamistes. Parfois, la persécution prend une tournure sordide : poison déposé sur le garde-manger, animaux tués, cimetières profanés, incendies criminels, tirs de fusil…

Depuis la guerre de 1999 et l’indépendance proclamée en 2008, le nombre de chrétiens serbes a fondu de moitié au Kosovo : à peine 120 000 Serbes subsistent aujourd’hui, disséminés dans des enclaves au sud, ou regroupés dans le nord, autour de Mitrovica, ville coupée en deux par la rivière
Ibar, sous tension permanente. Cette situation n’est pas un simple conflit de voisinage : elle s’inscrit dans une longue histoire de violences et d’oppressions.

Un combat pour le droit à l’avenir

Kos signifie « merle », du nom de la fondatrice défaite serbe du Champ des merles, en 1389, ouvrant cinq siècles de résistance à l’occupation ottomane. Kosovo signifie littéralement « ce qui appartient au merle » mais, pour être exact, il faut parler de Kosovo-Métochie – du grec
« metohion », désignant les terres de l’Eglise. Le Kosovo, est le cœur spirituel de la Serbie, avec plus d’un millier d’édifices religieux, dont le patriarcat de l’Eglise serbe, à Pec, et des joyaux, comme le monastère de Gracanica, classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

Au XVIIᵉ siècle, puis sous la Seconde Guerre mondiale, des vagues d’expulsions avaient décimé la population serbe. Sous Tito, l’immigration albanaise fut encouragée pour affaiblir la Serbie. Les frappes de l’OTAN en 1999, ont achevé de changer la donne : les Serbes ont fui en masse, laissant la région sous domination de Pristina et de ses alliés occidentaux.

Depuis, plus de 150 églises et monastères ont été détruits, 700 transformés en mosquées ou laissés à l’abandon. Malgré cela, moines et prêtres tiennent bon. Dans les monastères de Visoki Decani ou de Banja, ils accueillent par exemple les humanitaires de l’ONG française Solidarité Kosovo, distribuent l’aide, organisent le travail des jeunes pour freiner l’exode, et célèbrent la liturgie orthodoxe… sous la protection des soldats de la K-for.

« Tant que nous sommes vivants, il reste un espoir », confie le père Petar, figure de cette résistance spirituelle. L’espérance, ici, est un acte de foi et de courage : chaque messe célébrée, chaque enfant baptisé est une victoire contre l’effacement.